Un premier bilan

Après Mons et Namur, la 3e édition des rencontres de l’approvisionnement de Liège s’est déroulée fin octobre de manière virtuelle, tentons de faire un bilan de ces premières édition.​

I. CONTEXTE

Un retour dans le passé est utile pour contextualiser la genèse des rencontres de l’approvisionnement. Dans le cadre de la stratégie, « Manger demain, vers un système alimentaire durable en Wallonie »[1], une thématique prioritaire de concentration des efforts en termes d’alimentation durable a été choisie pour trois ans (2019-2021), celle des repas dans les cantines et cuisines de collectivités de tous les milieux de vie (écoles, hôpitaux, maison de repos, entreprises…).  Ce secteur a été considéré comme stratégique par les acteurs de terrain puisqu’il s’agit d’un secteur qui :

• présente un important potentiel d’accélération de la transition vers un système alimentaire durable, tant pour des raisons quantitatives (220 000 repas chauds servis par jour en Wallonie), que de diffusion d’une culture de changements de comportement ;
• touche aux multiples dimensions de l’alimentation durable[2] ;
• concerne tous les milieux de vie et toutes les catégories sociales de la population ;
• fais l’objet de nombreuses actions qui gagneraient à être mieux coordonnée

Afin de permettre aux cantines d’agir en faveur d’un système alimentaire plus durable, la Wallonie s’est dotée d’un Green Deal « Cantines Durables ». Il s’agit d’un accord volontaire entre plusieurs parties prenantes offrant aux signataires (autorités politiques, facilitateurs et cantines) un cadre de mobilisation collective au sein duquel tous s’engagent à mener, endéans les trois ans, les actions en transition écologique qu’ils définissent[3]. Certaines cantines peuvent également choisir d’aller plus loin en s’engageant dans un processus de labellisation.

500 acteurs ont signé à ce jour le Green Deal. Il s’agit essentiellement :

• d’acteurs de la restauration collective de divers milieux de vie (crèches, écoles, entreprises, hôpitaux, maisons de repos, sociétés de catering) ;
• de producteurs, transformateurs ou distributeurs, d’organismes d’intérêt public, de fédérations professionnelles, de syndicats, de centres d’études, d’ASBL, etc. ;
• d’autorités politiques (Communes, Provinces et Région wallonne).

Afin de les aider dans l’atteinte de leurs objectifs, la Cellule Manger Demain, en collaboration avec différents organismes actifs sur le terrain du développement durable en Wallonie, dont D’Avenir, propose un panel de services[4], facilitant leur démarche, à savoir :

• un accompagnement individuel des cuisines de collectivités ;
• des formations pratiques en cuisine ainsi que des formations thématiques adaptées aux besoins de l’ensemble du personnel des cuisines de collectivités ;
• des ateliers pour l’ensemble des signataires du Green Deal « Cantines Durables » (ex. Cahier des charges, commerce équitable, appui à la création d’une cuisine centrale…) ;
• des outils (guide pour un marché public alimentaire plus durable, listing des fruits et légumes de saisons, des articles thématiques divers…) ;
• un service de petites annonces, etc.

La filière d’approvisionnement s’est rapidement définie comme un nœud incontournable dans la réussite de l’intégration, en cuisines de collectivités, de denrées produites et transformées localement qu’elles proviennent de cultures ou élevages traditionnels, raisonnés ou sous le label bio.

Les signataires du Green Deal « Cantines Durables » sont prêts à œuvrer vers plus de développement durable, mais ne se connaissent que fort peu et n’ont pas l’habitude de travailler ensemble.

C’est de ces constats que sont nées les rencontres de l’approvisionnement.

II. OBJECTIFS

« Qui veut aller loin, ménage non seulement sa monture, mais définit également des objectifs clairs et concrets », dit le dicton[5]. Pour rappel, les objectifs de ces rencontres de l’approvisionnement sont :

• de créer un lieu de rencontre et de visibilité entre les fournisseurs et les cuisines de collectivités afin que les acteurs propres à un territoire se connaissent ;
• de travailler sur les freins mis en évidence par les participants afin de dégager des pistes de solutions concrètes ;
• et enfin, ces rencontrent devraient permettre de favoriser des contacts professionnels débouchant sur un renforcement du tissu économique local.

III. BILAN

Trois rencontres de l’approvisionnement ont eu lieu :

• Mons : 70 participants
• Namur : 80 participants
• Liège (en virtuel) : 40 participants

Le rapport d’évaluation, basé sur 49 répondants, montre que ces rencontres de l’approvisionnement ont été très bien perçues par les participants. Ces quelques chiffres à titre d’exemple, nous montrent que :

• 95 % de satisfaction globale
• 93 % jugent la journée utile
• 100 % apprécient la méthodologie de speed meeting
• 70 % préfèrent la version virtuelle et 80 % y participeraient à nouveau.

Nous pouvons donc conclure que le premier objectif est pleinement atteint. En effet, plus de 50 acteurs de l’approvisionnement (producteurs, transformateurs, logistiques) ont été mis en contact avec une cinquantaine de responsables de cuisines de collectivité.

Concernant le deuxième objectif, on constate que le prix, la logistique et les marchés publics restent les freins les plus régulièrement cités. Pourtant des solutions existent. Ainsi, la constitution de groupement de producteurs, des formations et outils à destination des cantines en vue de les aider à réduire le gaspillage alimentaire ou encore la création de lots spécifiques dans les marchés publics représentent des pistes de solutions sur lesquelles travailler. En lien avec cette réflexion, nous allons notamment constituer un groupe de travail « distribution » intégrant divers acteurs du secteur, qui devrait permettre d’avancer sur la mise en place de solutions concrètes.

Enfin, il est encore tôt pour analyser le troisième objectif du renforcement du tissu économique local. Établir des relations commerciales demande du temps. Nous reviendrons vers les participants d’ici la fin de l’année pour avoir une image plus précise des contacts établis à la suite des rencontres de l’approvisionnement.

Cependant, les évaluations montrent que les rencontres de l’approvisionnement ont permis de donner un coup d’accélérateur aux contacts entre les acteurs de l’approvisionnement signataire du Green Deal « Cantines Durables » et les cuisines de collectivité.

IV. FUTUR

Initialement, trois rencontres avaient été planifiées, en laissant la porte ouverte à de nouvelles éditions. Les retours du terrain sont tels qu’ils nous encouragent à planifier pour l’année prochaine de nouvelles dates. Suivant les règles sanitaires du moment, mais également sur base de l’analyse des retours des participants, le choix de la formule (speed meeting/présentation) et de la forme (virtuelle/présentielle) pourra être adapté au besoin.

Ces temps de chamboulement liés à la crise sanitaire et à sa gestion, nous confrontent directement à notre vision de la société, de l’impact et surtout du rôle que nous pourrions, je serais tenté d’écrire, pouvons, jouer. Ces rencontres de l’approvisionnement sont un outil, une opportunité pour stimuler notre démarche pour un approvisionnement des cuisines de collectivité plus durable.

Une chose est sûre… we’ll be back[6]

[1] Site ‘Manger Demain’ : https://www.mangerdemain.be/a-propos/

[2] Les trois piliers qui doivent être pris en compte dans une démarche de développement durable : prospérité, société et environnement.

[3] Les engagements des signataires se partagent entre 6 axes : des produits locaux et de saison, des produits respectueux de l’environnement et des animaux, des produits équitables, des repais sains, équilibrés et savoureux, la réduction du gaspillage alimentaire et des déchets et l’inclusion sociale

[4] Site ‘Green Deal « Cantines Durables »’ : https://www.greendealcantines.be/appuis

[5] M. Le Sage dans l’encyclopédie du bon mot (1967 — )

[6] Au moins trois nouvelles dates seront proposées en 2021 (les provinces du Luxembourg, du Brabant-Wallon…). Suivez notre programme (https://www.mangerdemain.be/agenda-cantines-durables).